Retraite : l’ambiguïté demeure autour des pensions de réversion

, par udfo09

Le Haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, a de nouveau reçu en bilatérale cette semaine les partenaires sociaux, dont les représentants de FO.

Au centre, la question des droits familiaux, et surtout celle des pensions de réversion, dont le devenir reste flou, avec des réponses qui ne lèvent pas l’équivoque, tant du côté du président de la République que de la ministre de la Santé.

La question très sensible du devenir des pensions de réversion dans le cadre de la future réforme du système de retraite continue de faire des vagues. Dans le flou. C’est la question posée dans un document de travail remis le mois dernier aux interlocuteurs sociaux par le Haut-commissaire à la réforme des retraites, dans le cadre de la concertation sur le futur système de retraite, qui avait mis le feu aux poudres : Compte tenu des évolutions en matière de taux d’emploi des femmes et de conjugalité, doit-on maintenir des pensions de réversion ?.

S’en était suivi de vives réactions syndicales, notamment de Force Ouvrière. Supprimer les pensions de réversion plongerait la moitié des veuves dans la pauvreté, s’était alors insurgé Philippe Pihet, secrétaire confédéral FO, demandant un alignement par le haut des pensions de réversion touchées par les veuves et veufs.

Quid des retraités de demain ? Depuis, le gouvernement entretient le flou sur la question. Faire croire à cet égard que nous voudrions supprimer les pensions de réversion est une rumeur malsaine visant à faire peur. Je le dis clairement, rien ne changera pour les retraités d’aujourd’hui, a affirmé le chef de l’État dans son discours devant le Congrès à Versailles le 9 juillet. Quid des retraités de demain ? A quelle date cela va-t-il changer ? Demain ? Quand la loi sera votée ? s’interroge Philippe Pihet (FO).

Les propos tenu par la ministre de la Santé lors d’une séance de questions à l’Assemblée nationale, le 10 juillet, sont venus rajouter à la confusion. Pour les retraités de demain, nous maintiendrons le système des pensions de réversion. Cela concerne les femmes qui n’ont pas travaillé, qui se sont occupées de leurs enfants ou qui ont travaillé aux côtés de leur mari sans cotiser. (sic).

Quid des hommes, et des femmes qui ont travaillé ? Quid des hommes, et des femmes qui ont travaillé ? questionne Philippe Pihet. Agnès Buzyn, interrogée par la suite par un sénateur, a affirmé : Nous maintiendrons les pensions de réversion pour les futurs retraités qui bénéficieront des mêmes prestations pour chaque euro cotisé.

L’ambiguïté du gouvernement renforce le sentiment d’inquiétude Pour Philippe Pihet, l’ambiguïté du président de la République et de la ministre de la Santé renforce le sentiment d’inquiétude, voire d’anxiété au sujet des pensions de réversion.

Lors des rencontres bilatérales entre le Haut-commissaire à la réforme des retraites et les organisations syndicales et patronales cette semaine, la question de la mise sous conditions de ressources des pensions de réversion dans le futur système universel a remplacé celle de leur suppression pure et simple.

FO contre toute mise sous conditions de ressources FO, reçu le 11 juillet, a opposé un non catégorique à toute mise sous condition de ressources, conformément à la résolution Protection sociale, adoptée à la quasi-unanimité lors du Congrès confédéral Force Ouvrière de Lille en avril 2018. Celle-ci avait réaffirmé l’exigence de maintien de tous les régimes existants avec leurs dispositifs actuels de solidarité et droits dérivés tels que pensions de réversion ou d’orphelin.

Nous avons demandé un alignement sur les conditions pratiquées à l’Agirc-Arrco, à savoir un régime où 100% des conjoints survivants ont droit à une pension de réversion. Et non sur le régime général, où, avec les conditions de ressources, cette proportion tombe à 36%.

Pour l’instant, nous n’avons pas de réponses, nous n’avons que des questions. Et quand nous questionnons, nous n’avons pas de réponse, qu’il s’agisse d’ailleurs des pensions de réversion ou d’autres sujets, constate Philippe Pihet.

La concertation doit reprendre à la rentrée, sur les épineuses questions de gouvernance et de nature du système de retraite. C’est aussi en septembre que le gouvernement devrait commencer à abattre ses cartes.