Les favoris du Tour

, par udfo09

Du Français Romain Bardet au Colombien Rigoberto Uran, petit tour d’horizon des coureurs qui, pour cette édition 2018 du Tour, ont les meilleures chances de remporter une étape, de se classer dans les chronos, de revêtir un maillot prestigieux, voire de se hisser sur la plus haute marche du podium.

Bardet emmène l’escouade française Les années passent et l’attente s’allonge : un Français va-t-il enfin succéder à Bernard Hinault, dernier vainqueur tricolore du Tour de France il y a plus de trente ans, en 1985 ? Cette édition 2018 ouverte s’y prête peut-être davantage que les précédentes, et pour mener le contingent français les regards se tournent naturellement vers Romain Bardet. Deuxième en 2016 et troisième l’an dernier, le leader d’AG2R La Mondiale est tout proche du graal même si la plus haute marche du podium est évidemment la plus difficile à gravir. En tout cas, l’Auvergnat ne vit que pour ça et il a donné des gages de bonne forme dans la première moitié de saison en montant notamment sur le podium de Liège-Bastogne-Liège ou des Strade bianche. Seul bémol : le contre-la-montre par équipes n’est pas la tasse de thé de sa formation AG2R. En revanche, le chrono individuel vallonné dessiné au Pays basque l’arrange, lui qui galère sur les chronos plats. Mais c’est bien sûr en haute montagne que Bardet doit faire la différence et se démarquer pour vivre son rêve jaune.

Thibaut Pinot a le potentiel physique Moins souvent en réussite sur le Tour, Thibaut Pinot a pourtant le potentiel physique pour lui aussi espérer gagner la Grande Boucle un jour. Troisième en 2014, le grimpeur de la FDJ entend profiter du parcours de cette édition 2018 qui lui convient très bien. Mais il a disputé le Tour d’Italie en mai, ce qui pourrait peser dans ses jambes… Ce n’est pas le cas pour le maillot à pois 2017 Warren Barguil, qui ne s’interdit rien même s’il visera a priori plus les étapes et le classement du meilleur grimpeur, à nouveau, plutôt qu’un très bon général.

Et si le grand favori c’était lui ? Absent l’an passé, Vincenzo Nibali revient sur le Tour de France, qu’il avait remporté haut la main en 2014. Depuis, le Sicilien a collectionné les podiums sur le Giro (vainqueur en 2016, troisième l’an dernier) comme sur la Vuelta (deuxième l’an passé), rappelant qu’à 33 ans il reste une référence absolue sur les courses de trois semaines – il est d’ailleurs l’un des rares coureurs de l’histoire du cyclisme à avoir remporté les trois grands Tours : Italie, France et Espagne. Les étapes pièges de la première semaine ? Il a déjà remporté de nombreuses classiques de renom et il avait volé sur l’étape des pavés il y a quatre ans. La haute montagne ? C’est son domaine de prédilection. Peut-être le coureur le plus complet du peloton, l’Italien a toutes les cartes en main pour régner sur cette édition 2018. Surtout, son début de saison l’a remis tout en haut de la hiérarchie mondiale grâce notamment à sa victoire aussi brillante qu’inattendue sur Milan-San Remo, où il a déjoué tous les pronostics. Seule inconnue, la capacité de son équipe, Bahrain-Merida, à supporter le poids de la course, puisqu’il devra essentiellement compter sur de vieux briscards italiens pour l’épauler en montagne.

Abondance de biens nuira-t-elle à Movistar ? Depuis plusieurs saisons déjà, la cohabitation au sein de l’équipe Movistar entre Nairo Quintana et Alejandro Valverde est un sujet qui revient à chaque Tour de France. Aucun des deux ne l’a jamais remporté mais le Colombien, pourtant bien plus jeune, est plus souvent monté sur le poduim : deuxième en 2013 et 2015, troisième en 2016. Pourtant, l’Espagnol s’accroche, il a terminé troisième en 2015 et sixième en 2016, et à 38 ans il veut toujours jouer les premiers rôles… Et voilà qu’à l’intersaison un troisième larron s’est invité à la fête : le Basque Mikel Landa, quatrième du Tour l’an passé sous le maillot Sky ! Sur le papier, ce trident superbe peut mettre le feu à la Grande Boucle et causer bien des soucis à l’ensemble des autres favoris. Oui mais… encore faut-il que ces trois-là s’entendent. Si aucun leader n’est désigné, ils pourraient rapidement se neutraliser ; si, à l’inverse, la direction sportive décide de privilégier l’un des trois, pas dit que les deux autres s’y conforment facilement… Quoi qu’il arrive, l’entente de ce trio sera une donnée essentielle de ce Tour 2018.

La Sky et le cas Froome

La Sky Team. L’équipe du tenant du titre 2017, Chris Froome, sera bien présente sur le Tour 2018, ce qui est moins sûr pour son leader. © ASO/Pauline BALLET À l’heure où nous achevons d’écrire ces pages, impossible de savoir si le quadruple vainqueur du Tour et tenant du titre Chris Froome sera au départ en Vendée. Le Britannique est en effet susceptible d’être suspendu à la suite d’un contrôle anormal au salbutamol sur le dernier Tour d’Espagne… Présent ou pas, Froome semble en tout cas un peu moins fort que par le passé et il a disputé le Giro en mai. Il pourrait donc passer la main au sein du Team Sky : ses habituels lieutenants Wout Poels, Geraint Thomas ou la pépite colombienne Egan Bernal n’attendent que ça.

Mais aussi…

Richie Porte. Le coureur australien, membre de BMC, est un excellent grimpeur. Il a remporté le Tour de Romandie en 2017. © ASO/Pauline BALLET Deuxième un peu inattendu l’an passé, Rigoberto Uran revient pour confirmer que ce podium n’était pas qu’un coup d’éclat. D’ailleurs le Colombien avait déjà terminé sur le podium du Tour d’Italie à deux reprises, mais il n’a jamais remporté de grand Tour. Pas sûr qu’il soit de cette trempe… Le même genre de doutes escorte Richie Porte, régulièrement parmi les tout meilleurs grimpeurs du peloton depuis quelques années mais systématiquement mis hors jeu sur le Tour de France : malade en 2014 alors qu’il est deuxième du général, victime d’un problème mécanique dès la deuxième étape en 2016 et d’une chute dans la descente du mont du Chat en 2017… Le leader de la BMC peut-il enfin vaincre la malchance ? Son début de saison très discret n’incite pas forcément à l’optimisme… À l’inverse, Primoz Roglic a profité des six premiers mois de l’année pour se faire un nom : vainqueur coup sur coup du Tour du Pays basque et du Tour de Romandie, surpuissant en contre-la-montre et très fort dès que la route s’élève, le Slovène, ancien sauteur à ski, est la nouvelle terreur des courses par étapes. Venu au vélo très tard, il n’a disputé que deux grands Tours à 28 ans, mais à chaque fois en remportant une étape : un chrono sur le Giro 2016 et l’étape du Galibier sur le Tour 2017. Attention : il ne faut surtout pas le sous-estimer…